ASSASSINAT POLITIQUE A CHARLIE HEBDO : UNE BRÈVE ANALYSE LIBERTAIRE

Réagir à chaud n’est jamais facile lorsqu’on veut le faire de manière précise et sérieuse. Plusieurs personnes sont décédées et d’autres blessées suite à l’attaque menée contre elles par deux assaillants. La fusillade visait à faire taire les travailleurs et travailleuses du journal satirique Charlie Hebdo. Même si nos pensées vont aussi en hommage aux victimes et à leurs familles, nous ne devons pas nous laisser subjuguer par l’information spectacle mais porter un regard critique et politique à cet événement pour ne pas que les pouvoirs et médias dominants, lucratifs, en profitent pour s’en sortir plus forts au détriment de la liberté d’expression qu’ils prétendent défendre.

Un acte politique
Le caractère politique de cette violence ignoble doit être mis en avant. Charlie Hebdo est un journal qui propose une réflexion à contre-courant de la presse bourgeoise. Il n’hésite pas à employer la critique, la dérision et l’humour, quitte à choquer, notamment en matière de religion.
« Ils l’ont bien cherché » ? NON !! Même si nous ne sommes pas forcément d’accord avec l’ensemble des moyens employés par l’équipe du journal, la critique de la religion portée par Charlie Hebdo est salutaire. Les assaillants ont tiré dans le but de stopper cette critique de la religion. Les assaillants ont tué dans le but d’imposer leur grille de lecture politique. Celle-ci repose sur des principes inégalitaires et autoritaires.

Une attaque fasciste
L’attaque porte donc la marque du fascisme religieux : une force réactionnaire dont l’objectif est de contrôler l’individu et d’assigner un rôle à chacunE. Nous, libertaires, considérons que toute religion est un moyen d’oppression. Cependant nous estimons que chacunE peut croire à ce qu’il ou elle veut dans la mesure où cela n’oppresse pas les autres. Attention donc à ne pas assimiler les croyantEs à des fascistes. CertainEs sont fascistes mais pas touTEs. Gardons toujours cela en tête. Ne cédons pas à l’amalgame, contrairement aux personnes qui s’en prennent à des lieux qu’elles considèrent comme représentant une soi-disant « communauté musulmane » (lieux de culte, commerces…). Ne nous laissons pas séduire par les appels réactionnaires à la violence, ou par les appels à l’union contre les musulmanEs sur le modèle du mouvement Begida en Allemagne.

Non à l’essentialisme !
Évitons aussi le piège de l’essentialisme, qui consiste à présenter des personnes ayant des points communs comme formant un groupe homogène qui se définit par des caractéristiques que ces personnes sont censées partager, mais qu’on lui assigne en réalité. Par exemple, combattons l’idée selon laquelle toutes les personnes de confession musulmane représentent un danger pour la société. Cela est faux car ça ne correspond pas aux faits observables et vérifiables, tout simplement.

Ne pas céder à la paranoïa sécuritaire !
Cette attaque est un acte qui peut aussi servir de prétexte à l’État pour accroître la surveillance des personnes. Nous considérons que ne rien faire est aussi dangereux que se laisser submerger par la peur. La peur est instrumentalisée afin de nous faire accepter des mesures liberticides. En ce domaine, céder un peu c’est capituler beaucoup. Soyons vigilantEs et dénonçons les restrictions des libertés.

Quelles sont nos armes ?
Nous devons miser sur l’éducation populaire, l’éducation pour et par toutes et tous. Tout le monde doit pouvoir participer à l’élévation de la conscience collective et lutter contre l’ignorance et la haine. C’est un des meilleurs moyens de prévenir les actes de terreur. Il faut œuvrer pour l’émancipation de chacunE par le progrès social.
Développons l’autodéfense antifasciste populaire afin de ne pas s’en remettre aveuglément à des propriétaires de la sécurité. Et surtout, organisons-nous afin de promouvoir et mettre en œuvre concrètement l’égalité économique et sociale et la solidarité de classe.

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