La CNT 74, en partenariat avec le GRDP (Groupe de Réflexion et de Débat Politique), vous propose un séminaire de réflexion, ouvert à tous, sur la question de la répartition des richesses. La première séance, qui a eu lieu en mars 2012, portait sur les thèses de Bernard Friot, avancées lors d’une conférence donnée dans les locaux de la CNT Toulouse, à l’automne 2010, pendant le mouvement des retraites. La prochaine séance aura lieu en Juin et portera sur le thème « écologie politique et répartition des richesses ».
Voici un résumé de la conférence de Friot et du débat qui suivit :
Conférence Bernard Friot (CNT Toulouse, automne 2010)
Nous sommes dans une double impasse : impasse de l’investissement (seulement 20% du PIB sont réinvestis, 40% vont au profit) et impasse du travail (souffrance au travail, chômage, précarité).
On peut en sortir si on s’appuie, non sur une utopie, mais sur des institutions révolutionnaires déjà là, générée par lutte de classes, à savoir la cotisation sociale, telle qu’elle permet la pension. [il ne faut pas voir le capitalisme comme un système, mais comme une contradiction au travail : il y a déjà du subversif, il faut s’appuyer dessus et aller plus loin ; le CNR n’a pas inventé tout ex nihilo, il a repris et poussé plus loin ce qui existait déjà).
La retraite est une institution anticapitaliste au cœur du capitalisme, 1) par son mode de financement 2) par son statut de salaire continué.
[un investisseur convertit des titres en monnaie : il use d’un droit de propriété lucrative, qui est une droit de ponction sur la valeur générée par le travail ; les investisseurs nous volent, nous exploitent et nous aliènent, et nous enlève la maîtrise de notre travail ; on peut investir sans eux ; il faut abolir la propriété lucrative, et non la propriété d’usage évidemment]
1) le mode de financement :
la cotisation sociale prouve que l’on peut engager des masses importantes d’argent (13% PIB), et sur le long terme, SANS RECOURIR À L’ACCUMULATION FINANCIÈRE. Preuve est faite qu’on a pas besoin de la propriété lucrative. Pour assumer l’avenir, on a pas besoin de l’accumulation capitaliste. 260 milliards d’euros échappent au capital. Il faut faire pareil pour l’investissement.
Il faut non pas taxer le profit mais l’ASSÉCHER ! par ponctions sur valeur ajoutée, en généralisant le principe de la cotisation. Défendre la cotisation sociale, et inventer une cotisation économique pour assurer l’investissement, et enfin, des caisses qui distribuerait ce qu’il reste de valeur ajoutée sous forme de salaires nets. La cotisation économique abolirait la propriété lucrative.
2) La pension comme salaire continué :
Il manque un diagnostic lucide de la fameuse « souffrance au travail », qui est le symptôme d’autre chose.
La moitié des retraités touche une pension proche de leur dernier salaire. Ce sont les seuls travailleurs heureux ! parcequ’ils sont libérés du marché de l’emploi, du commandement des employeurs. Libérés du malheur de l’emploi! « enfin ils peuvent travailler! ». 7 millions de personnes libérés de l’emploi. Denegation de leur travail : on dit qu ils ont des activites utiles! Ils travaillent parce qu’ils ont un salaire à vie!
Nous sommes aujourd’hui plus proches du plein emploi que dans les années 60! Pendant les trente glorieuses, il n’ ya pas de chômeurs, mais les femmes ne travaillent pas. Taux d’emploi des 25–60 ans aujourd’hui : 76% (67% en 1962). Petits boulots existaient, chez les vieux.
Logique de l’emploi = on attribue qualification à poste de travail, et non à la personne. Cette logique n’existe pas dans la fonction publique. Les réformes récentes consistent précisément à importer cette logique de l’emploi dans une sphère où elle n’existait pas.
Alternative majeure : travailler est–ce avoir un emploi ou une qualification ? Il faut instituer un salaire à vie et maîtriser l’investissement, seules manières de sirtir du marché du travail etd u marché des capitaux, institutions fondatrices du capitalisme.
Assécher le profit :
40 % de la valeur ajoutée produite en France va au profit
20% à l’investissemnt (400 millions)
40 % restant aux salaires nets ( 650 miilions)et au salaire socialisé (550 millions : cotisation sociale).
L’affrontement de classe a pour enjeu de reprendre à la propriété lucrative ces 40 %, 650 millions, volé sur la valeur ajoutée.
LA PROPRIETE C’EST LE VOL!
ON A TROQUE LA BATAiLLE DU SALAIRE CONTRE LA BATAILLE DE L’EMPLOI!! ABERRATION!!
Il faut attribuer du salaire à tous, selon une qualification attribuée à la personne, sans référence à l’emploi. Ponctionner valeur ajoutée avant qu’elle devienne profit. Il faut généraliser le principe de la cotisation, un cotisation destinée à des caisses qui versent salaires, une autre pour l’investissement, une autre pour les systèmes de solidarité, et nada pour le profit. Toute la valeur ajoutée doit devenir cotisation !!
DEBAT :
Objection 1 : attribuer une qualification à un personne, d’accord, mais je ne veux pas être enfermé dans une qualification ! un métier pour la vie !
Objection 2 : le système de Friot implique hiérarchie des qualifications et salaires (il a conscience de ce pb d’ailleurs). On en revient au grade !
Objection 3 : Les retraités n’ont pas forcément envie de travailler !! Le point de vue de Friot reste assez travailliste, au sens où il suppose que, libérés de la contrainte salariale, nous continuons à travailler. Mais le travail, même libéré, n’est pas la forme inévitable de l’agir humain. Le travail n’est–il pas une catégorie du capitalisme, au sens où celui–ci a intérêt à ce que nous nous définissions comme producteurs, pour faire tourner la machine de la croissance ? Il faut libérer le travail, mais il faut aussi nous libérér du travail. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut plus travailler, mais qu’il faut réapprendre les activités qui ne sont pas du travail, ni de la consommation, ni du repos–en–vue–du travail, et qui peuvent être aussi épanouissantes que le travail libéré.